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Déployer la certification haute valeur environnementale sur le terrain La HVE dans le viseurdes filières grandes cultures

Emmanuelle Théaudière, responsable qualité production à la coopérative La Tricherie, dans la Vienne, en compagnie d'un agriculteur certifié HVE, Alain Bergeron, président de la coopérative.

Surtout développée en viticulture, la certification haute valeur environnementale devrait s'amplifier dans les filières grandes cultures, sous l'impulsion de l'aval et des enjeux sociétaux, et aussi des EGalim avec la montée en gamme des produits agricoles.

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Une nouvelle dynamique se profile en grandes cultures en matière de certification haute valeur environnementale (HVE), niveau 3 de la certification environnementale lancée à la suite du Grenelle de l'environnement. Sur la bonne soixantaine d'exploitations HVE dans ce secteur (sur un total de 1 500, à grande majorité viticoles), une quarantaine a été certifiée en 2018. Une dynamique insufflée notamment par le groupe des Mousquetaires (Intermarché) pour ses pains filière CRC, avec les premières baguettes CRC-HVE commercialisées dès ce mois d'avril. Pour l'instant, quatre coopératives sont impliquées : Groupe Dauphinoise, La Tricherie (lire témoignage p. 47), Scara et Ynovae. Les deux premières ont fait certifier, en 2018, respectivement 18 et 15 exploitations. À la Scara, « notre filière CRC est en construction pour 2020. Si elle concerne moins d'une dizaine d'agriculteurs, notre objectif est d'emmener le maximum de producteurs vers la HVE. Une cinquantaine est venue aux réunions et des certifications pourraient être délivrées cette année », précise Isabelle Williatte, responsable qualité et DD de la Scara. Toutefois, il s'agit de pouvoir valoriser l'investissement de l'agriculteur (et de la structure collective). « Nous ferons évoluer le nombre d'exploitations HVE pour la récolte 2020 en fonction de la demande d'Agromousquetaires. À ce jour, nous produisons 2 500 t sous label CRC-HVE », souligne Philippe Lefebvre, directeur développement filières de Groupe Dauphinoise.

æUne marche plus ou moins difficile à gravir

La HVE est appelée à s'amplifier. Le négoce Groupe Carré en fait un de ses objectifs avec la création du GIEE Eco-Phyt. L'AGPB l'intègre aussi dans son projet de cahier des charges calé sur une démarche plus globale de RSE. La montée en gamme des produits agricoles prônée par les pouvoirs publics, la probable dispense de conseil annuel stratégique pour les exploitations HVE dans le cadre du projet d'ordonnance séparation conseil/vente, le besoin de répondre aux attentes sociétales et bien sûr aux demandes de l'aval, sont autant d'éléments catalyseurs. Cette certification peut cependant être un échelon plus ou moins compliqué à gravir. L'AGPB travaille à une approche progressive. De son côté, Philippe Lefebvre reconnaît que « la marche reste importante pour nos producteurs dans une filière CRC qui concerne uniquement une culture, alors que la HVE englobe toute l'exploitation ». Toutefois, Fabien Zedde, directeur d'Ocacia, organisme certificateur, a été « agréablement surpris de voir que la moitié des agriculteurs testés l'hiver dernier dans des coops étaient éligibles à la HVE ; c'est donc faisable ». La filière CRC et 48 autres démarches, dont plusieurs sous la norme Agri Confiance, sont reconnues du niveau 2 de la certification environnementale qui exige le respect de seize exigences (le niveau 1 est le respect des exigences environnementales de la conditionnalité).

æObstacle principal : le volet phytos avec les IFT

Le niveau 3, la HVE, est fondé sur des indicateurs de résultats relatifs à la biodiversité, la stratégie phytosanitaire, la gestion de la fertilisation et de l'irrigation. Chaque item est validé s'il comptabilise dix points sur les vingt ou plus possibles. Le point principal d'achoppement concerne le volet phytos avec les IFT. Afin de mieux accompagner ses adhérents sur le pilotage des IFT et de la HVE plus globalement, la Scara travaille à un logiciel. Cependant, le directeur d'Ocacia fait remarquer que « des points peuvent être gagnés en phyto, hors IFT, sur les parties non traitées, les méthodes alternatives... »

æUn système de suivi et de contrôle

Pour mener à bien une telle démarche, « les personnes doivent être préparées et accompagnées », ajoute Fabien Zedde. Deux voies se présentent à l'exploitant : une démarche individuelle ou une démarche collective avec un organisme (coop, négoce, syndicat...) qui doit se faire reconnaître comme structure cadre. Cette structure collective doit mettre en place un système de suivi centralisé des indicateurs de performance pour chaque exploitation concernée et un système de contrôle de ces exploitations. La certification HVE est ensuite délivrée à titre individuel à chaque exploitant. Tous les ans, la structure cadre se fait auditer par un organisme certificateur qui contrôle également un échantillon des exploitations HVE.

Hélène Laurandel

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